Les mouvements de Gurdjieff : Pourquoi sont-ils bénéfiques
aux acteurs ? (Amiyo Devienne)
De nombreux comédiens, danseurs, musiciens, orateurs publics se trouvent inhibés car si concernés par la réponse et l’opinion du public, que celui-ci soit provoqué ou réconforté.
Ils ne sont pas en fait conscients d’eux-mêmes, mais de la conscience que les autres ont d’eux. Cet état d’inhibition peut être ressenti comme une maladie. C’est une situation humiliante dans laquelle ils se sentent plus proches d’un mendiant que d’un empereur. Leur propre appréciation est esclave d’une évaluation externe. Les considérations extérieures remplacent la réalité du moment. Si la réponse ne correspond pas à leurs attentes, cela déclenche le défilé habituel de souffrances, d’angoisses et de tensions. Et même si la réponse correspond aux attentes, les tensions subsistent.
Comment, dans le futur, se protéger de cela ?
Cette image de soi crée une pression constante entre vous et le monde. Pourtant elle fait partie de l’excitation et peut devenir une addiction – mais quel prix payer pour une bouffée d’adrénaline !
La pratique des mouvements aide à transformer cette inhibition en une conscience de soi. En devenant plus vigilant, plus totalement impliqué ; en restant dans son centre tout en étant conscient de la périphérie, de la scène, des lumières, du public, sans que cela déstabilise.
C’est là le moment du souvenir de soi, duquel vous fonctionnez lorsque vous êtes vigilant, si totalement présent dans votre action que vous ne dépendez de l’attention de personne. L’énergie confinée dans la crainte du jugement des autres, sera libérée et transformée en attention, facilité et fluidité.
Quelques thèmes importants.
Davantage de présence dans le corps :
Une conscience du corps dans les moindres détails ;
La conscience de différents niveaux de sensations, du plus superficiel au plus profond.
Une coordination entre les parties supérieures et inférieures du corps, entre le côté gauche et le côté droit du corps – esprit.
L’ouverture d’un nouveau vocabulaire du corps dans les mouvements ; Une réponse rapide aux informations.
La conscience du temps et de l’espace pour soi et en relation avec d’autres membres du groupe ; une forte connexion avec la terre et un ancrage dans le centre du hara.
Apprendre à être à la fois détendu et vigilant.
Quand le mouvement est vif dans sa manifestation, (comme les danses dervishes), le danseur doit rester calme et détaché à l’intérieur de lui. Quand le mouvement est lent, arrondi et fluide dans sa manifestation, à l’intérieur il reste très clair, précis et vigilant.
L’économie du mouvement.
Davantage de présence aux sentiments.
Les Mouvements renforcent le « feu intérieur », le profond désir personnel et la motivation suffisante pour l’éclosion et l’actualisation de toute la créativité
Ils permettent de rassembler et de cristalliser le courage nécessaire pour s’exposer.
Plus de sensibilité et de connexions avec les autres, au-delà des mots, puisque l’enseignement se fait pour ainsi dire en silence et en musique.
Les participants sont connectés, non à travers leur personnalité, mais à travers leur essence ; c’est une communion de présences.
L’équilibre entre les polarités féminines et masculines, celles de l’action et de l’inaction.
Plus de présence mentale
Plus de clarté. Le développement de la lucidité, et d’une prompte initiative
La participation du mental avec le corps, cette part de l’esprit qui est pure intelligence, qui vit ici et maintenant et non celle qui fait référence au passé et au futur.
Le besoin de se souvenir des séquences des mouvements, de parfois devoir compter et se rappeler de listes de mots, etc. Le besoin de comprendre les rythmes, les compositions et les séquences des danses. La nécessité d’observer les différents effets internes des danses et de cette façon, redécouvrir la signification de ces mouvements.
Plus d’écoute consciente des autres et faire un avec la musique.
Une augmentation de l’attention et de la concentration.
Savoir se présenter clairement face au public.
Les danses demandent à être faites sans hésitation, avec grande précision et totalité. Les mouvements demandent la participation des trois centres de l’être humain : physique, émotionnel et mental. Lorsqu’ils sont faits correctement, ils sont supposés établir harmonie et synchronicité entre ces trois centres, créant ainsi l’unité de l’être.
Nous commençons par apprendre à ÊTRE, nous sommes alors capables d’AGIR.
En tant que travail de groupe, ce processus renforce fortement la cohésion entre les participants. Chacun est seul, tout en faisant partie du groupe. Lorsqu’une personne fait une erreur, cela affecte le groupe entier. Chacun est responsable de lui-même et de tout le groupe. Cela renforce un sentiment de responsabilité lors d’une création collective.