Les trois sortes d’attention

L’attention se trouve dans tous les centres : on la trouve dans le centre intellectuel, dans le centre émotionnel et dans le centre physique. Un jour, on doit apprendre à différencier les différentes sortes de vigilance. C’est tout particulièrement important pour ceux qui pratiquent les Mouvements. Une fois que vous l’avez compris intellectuellement, vous devez le mettre en pratique dans vos activités.
Quelle est la distinction entre les différentes sortes d’attention ? Est-ce au niveau de leurs qualités ?
Ce que je vais vous dire est très important, pour tout le monde, mais surtout pour ceux qui sont profondément impliqués dans la pratique des mouvements. Je vais tenter d’expliquer simplement les prochaines phases que vous devez apprendre à discerner, mais vous devrez ensuite les connecter avec votre vie, sinon cela ne reste qu’une théorie.
— L’attention connectée avec le centre physique en particulier le centre instinctif et le centre du mouvement, est une attention de nature biologique. Elle est issue de l’instinct, et passe pas les sens : les yeux, les oreilles et le toucher… c’est celle que possèdent les jeunes enfants. Un petit enfant n’a qu’une vigilance biologique. C’est la raison pour laquelle il saisit et il enregistre tout, parce qu’étant de nature biologique, cette vigilance ne connaît pas de préférences et elle n’est pas dirigée par qui ou quoi que ce soit. Ce phénomène est encore vivant chez l’enfant qui grandit : souvent, lorsqu’un enfant joue, vous avez l’impression qu’il est totalement pris par son jeu, mais en réalité il entend tout ce qui se passe autour de lui, il enregistre tout. Ce processus est vivant dans tout apprentissage, par exemple l’instruction d’une langue comme dans tout ce qu’un enfant peut apprendre.
Ce type d’attention biologique est la plus essentielle, le corps absorbe « comme une éponge le fait avec l’eau », ce qu’il entend, voit et ressent.
Aux côtés de cette énergie naturelle d’attention, dans les centres physiologiques de l’instinct et du mouvement, il existe une énergie de vigilance dans le centre émotionnel, qui se déclenche naturellement lorsque nous ressentons de l’amour, lorsque nous apprécions quelqu’un ou quelque chose. Voilà pourquoi, lorsque nous aimons ou apprécions quelque chose, il est beaucoup plus facile d’apprendre, parce qu’une qualité de plus s’ajoute à la connaissance et à la mémoire : l’intérêt ; la valeur que nous donnons à ce que nous apprenons.
— Enfin la pire sorte d’attention est celle du centre intellectuel. C’est une attention associative, qui appartient au monde des associations, au mécanisme formateur. C’est la vigilance la plus mécanique, celle que l’on pointe vers les choses, afin d’apprendre et d’observer. Vous l’utilisez pour diriger votre attention. Celle-ci transforme tout en mécanisme. Elle est nécessaire, mais le problème c’est que la plupart du temps, les gens ne fonctionnent qu’avec ce type d’attention, parce qu’il est courant qu’ils n’aiment pas assez ce qu’ils font, ce qu’ils voient. Et donc la vigilance du centre émotionnel n’est pas suffisamment présente et nous oublions beaucoup plus facilement. De plus, comme beaucoup de gens ont de gros problèmes avec leur centre physiologique, au niveau des mouvements, des instincts, ils sont également coupés de ce type de vigilance, de cette attention naturelle, l’attention biologique du corps ne fonctionne pas correctement. D’où les difficultés d’apprendre, parce que cela ne se fait pas de façon naturelle, comme chez l’enfant.
C’est la raison pour laquelle une transmission correcte des Mouvements ne se fait pas par association, par exemple l’enseignement immédiat d’une position complète (bras, tête et jambes). On doit enseigner les Mouvements dans chaque partie du corps, séparément, puis en les combinant, afin d’éviter les associations automatiques du cerveau, mais au contraire, pour faciliter de nouvelles connexions neurologiques en associant 2 éléments, puis 3 et 4.
Dans la pratique des Mouvements — avec beaucoup de pratique —, il est possible de savoir un jour différencier ces différentes sortes de vigilances. En réalité, il en existe une quatrième, plus élevée que toutes les autres, qui s’installe une fois que les autres fonctionnent ensemble : l’attention du centre intellectuel le plus élevé, qui signifie ce qui n’appartient plus aux trois centres, physiologique, émotionnel et intellectuel, mais qui appartient à l’essence. Tout se passe alors naturellement, parce que les autres vigilances sont unifiées.
S A